Baptiste Morizot, écrivain et maître de...
Baptiste Morizot, écrivain et maître de Conférence en philosophie à l’Université d’Aix-Marseille, met en évidence une distinction fondamentale entre le concept de « nature » et celui de « vivant », deux termes souvent utilisés de manière interchangeable mais qui, pour lui, revêtent des significations bien distinctes.
Le concept de « nature » est critiqué par Morizot comme étant un héritage de la pensée moderne qui perpétue une vision dualiste et hiérarchique du monde. Cette vision oppose l’humain, doté d’esprit et de culture, à une nature perçue comme passive, inerte et extérieure à l’humanité.
● La « nature » devient alors un simple décor, un réservoir de ressources à exploiter, une entité à dominer et à contrôler12.
● Ce concept occulte l’agentivité du non-humain, sa capacité à agir et à transformer le monde, et nie l’interdépendance profonde qui lie les humains aux autres formes de vie.
Le concept de « vivant », quant à lui, met l’accent sur la dynamique, l’interdépendance et l’agentivité de tous les êtres qui composent la biosphère. Il s’agit d’un concept plus englobant, plus dynamique et plus juste, qui permet de dépasser l’opposition stérile entre l’homme et la nature.
● Le « vivant » désigne un vaste réseau d’interactions et de co-évolutions, un tissage complexe où chaque espèce, y compris l’espèce humaine, joue un rôle essentiel.
● Il souligne l’importance de reconnaître l’agentivité du non-humain, sa capacité à agir, à créer, à s’adapter, à influencer le monde.
● Le « vivant » invite à repenser notre place dans le monde, non pas en tant que maîtres et possesseurs de la nature, mais en tant que membres d’une communauté de destin où la prospérité de chacun dépend de la prospérité de tous....
Importance de la distinction
Cette distinction entre « nature » et « vivant » a des implications majeures pour notre manière de penser et d’agir dans le monde.
● Elle nous invite à dépasser l’anthropocentrisme et à reconnaître la valeur intrinsèque de toutes les formes de vie, au-delà de leur utilité pour les humains.
● Elle nous encourage à développer une éthique de la relation, fondée sur le respect, la réciprocité et la responsabilité envers les autres êtres vivants.
● Elle ouvre la voie à de nouvelles formes de cohabitation plus justes et plus durables, basées sur la collaboration et l’alliance plutôt que sur la domination et l’exploitation.
En conclusion, pour Baptiste Morizot, il ne s’agit plus de « protéger la nature », mais de « défendre le vivant » dont nous faisons partie intégrante. Il nous appelle à un changement profond de perspective, une véritable révolution copernicienne qui place la vie au centre de nos préoccupations et nous engage à construire un avenir commun avec toutes les formes de vie qui partagent la planète.