En Seine-et-Marne, une autoroute fluviale contestée…
Un projet, déclaré d’« utilité publique » (1), vise à élargir la Seine entre Bray et Nogent-sur-Seine (2) afin d’accueillir des péniches dix fois plus volumineuses. La « mise à grand gabarit de la Seine », présenté par VNF (3) comme une « opportunité de développement économique », est au cœur d’un débat intense et fait l’objet d’une plainte auprès de l’Union Européenne. Ceux qui s’y opposent (4) avancent des préoccupations liées à la protection de l’environnement et au changement climatique…
La destruction des écosystèmes terrestres et aquatiques est une préoccupation majeure des opposants qui affirment que l’artificialisation du lit de la Seine et la modification de son débit naturel pourraient perturber des écosystèmes déjà fragiles, notamment La Bassée (5), une zone humide d’importance majeure. Une modification qui pourrait avoir des conséquences désastreuses pour la biodiversité locale, entraînant la disparition de nombreuses espèces animales et végétales, les espèces habitant ces milieux naturels ayant souvent des cycles de vie étroitement liés à la qualité et à la quantité d’eau disponible.
Risques accrus avec le changement climatique
Avec le changement climatique, l’intensification des phénomènes météorologiques extrêmes pourraient aggraver les problèmes d’inondation en aval, car La Bassée joue un rôle crucial dans la régulation naturelle des crues de la Seine alors que, selon une étude (6) du gestionnaire des Grands lacs (EPTB), la vulnérabilité du territoire face à des étiages (7) sévères s’en trouve exacerbée. La capacité de ces lacs à maintenir le débit de la Seine et de ses affluents entre juin et septembre (8), période de moissons et de transport de grain serait alors limitée, limitant par là même l’intérêt économique d’un projet à 464 M€.
Des conséquences qui pourraient de surcroît entraîner des conflits d’usage, restrictions d’accès à l’eau pour les agriculteurs, les industries, les collectivités locales et pour 6,5 millions de franciliens.
Des solutions alternatives…
Les arguments avancés par les opposants au projet de mise à grand gabarit de la Seine Bray-Nogent mettent ainsi en lumière des préoccupations légitimes en matière de changement climatique. Ignorer ces enjeux pourrait compromettre non seulement la ressource en eau, mais également la biodiversité et la résilience du territoire. En se tournant vers des solutions alternatives, telles que le développement du fret ferroviaire (9) et les infrastructures vertes (10), ils pensent possible de concilier développement économique et préservation de l’environnement.
Les opposants au projet ont déposé une plainte auprès de l’Union européenne contestant la reconnaissance d’utilité publique qui pourrait entraîner sa réévaluation et une nouvelle évaluation des impacts environnementaux et sociaux.
A suivre et à soutenir…
(1) https://www.vnf.fr/vnf/dossiers-actualitess/projet-bray-nogent-mise-a-grand-gabarit-de-la-seine-entre-bray-et-nogent-sur-seine/
(2) Voies Navigables de France est un Établissement public administratif acteur central dans la promotion et le fonctionnement de la voie d’eau.
(3) Fédération Nationale de l’Environnement, Collectif Bassée Vivante, Association des naturalistes de la vallée du Loing et de ses environs (ANVL), Julie Garnier et Arnaud Saint-Martin élus LFI au Conseil Régional.
(4) Ce projet vise à élargir la Seine pour permettre le passage de bateaux de plus grande taille entre Bray-sur-Seine (Seine-et-Marne) et Nogent-sur-Seine (Aube). Le projet, soutenu par Voies navigables de France (VNF), prévoit la construction d’un nouveau canal de 10 km et l’aménagement d’un tronçon de 28,5 km du fleuve.
(5) https://fne-idf.fr/actualites/aidez-nous-a-proteger-la-zone-humide-de-la-bassee
(6) https://www.seinegrandslacs.fr/incidence-socio-economique-et-environnementale-des-etiages-severes
(7) L’étiage est le niveau annuel moyen le plus bas d’un cours d’eau.
(8) L’ETBP Grands lacs indique qu’en cas d’étiage sévère « pour un remplissage à 50% des lacs concernés, nous serions en situation d’alerte renforcée de mi-juillet à mi-août, en novembre et en décembre pour la Seine et en situation d’alerte en septembre et octobre et d’alerte renforcée de mi-novembre à fin décembre pour la Marne ».
(9) Mode de transport des marchandises par le rail attractif, fiable et compétitif.
(10) Systèmes naturels et semi-naturels qui fournissent des services écologiques essentiels au bien-être des individus et des communautés