Menier à sec, l’imprévu de Linkcity !
Linkcity a tout prévu sauf une baisse importante du niveau de la Marne et de la ressource en eau potable qui pourraient, dans des prochaines décennies, porter préjudice au site Menier réaménagé et à ses occupants...
C’est le très sérieux organisme qui régule le débit de la Seine et de ses affluents (1) qui, après la sécheresse de l’été 2024 (2), l’évoque, appuyé par une note préparant une étude sur « les impacts possibles de la pénurie d’eau » (3) commandée par la Métropole de Paris.
Des épisodes prévisibles de sécheresse, des baisses de niveau de la Marne plus fréquentes et plus intenses menaçant l’approvisionnement énergétique, l’approvisionnement en eau potable et la qualité des milieux aquatiques.
Il est donc impossible aux Noisieliens, à leurs élus et au maire de la ville d’approuver l’étude d’impact et le projet immobilier de Linkcity en l’état, sans tenir compte de ces éléments essentiels pour l’avenir du quartier et de la ville.
N’hésitez pas à le dire par mail (chocolaterie-ppve seine-et-marne.gouv.fr) à Linkcity, au maire, au Préfet du lundi 12 février au mardi 12 mars 2024 inclus.
(1) https://www.seinegrandslacs.fr/actualites/et-si-la-seine-etait-sec
(2) https://actu.fr/ile-de-france/lagny-sur-marn1e_77243/secheresse-marne-et-gondoire-protegee-du-manque-deau-jusqua-quand_58117946.html
(3) https://cdn.paris.fr/paris/2023/02/22/note-d-enjeu-resilience-de-paris-au-risque-de-rarefaction-de-l-eau-n9sz.pdf
🙋Quelques éléments produits par l’association Coteau&Vallée de la Marne, libres de droits, que vous pouvez réutiliser en partie où en totalité dans votre mail...
L’étude d’impact du projet urbain Chocolaterie à Noisiel s’appuie sur des données climatiques obsolètes de la période 1981-2010 et de nombreuses mesures et diagnostics antérieurs à 2022 qui ne prennent pas en compte le changement climatique en cours dans notre région, ses conséquences sur le projet et l’impact du projet sur son aggravation.
En effet, à l’été 2022, la région a connu une canicule importante et inhabituelle, caractéristique des événements extrêmes accompagnant le changement climatique, qui a eu plusieurs effets que le projet de réaménagement du site Menier ne prend pas en compte.
🟩 Le premier effet a été l’afflux important de franciliens cherchant à se rafraîchir le long des berges de la Marne, saturant le parc de Noisiel, la plage de Torcy, le stade nautique de Vaires-sur-Marne et les parkings le long de la Marne, du parc Noisiel à l’échangeur Francilienne. Cette situation pourrait se reproduire, s’ajoutant au stationnement résidentiel et à l’afflux de véhicules provoqués par l’attractivité de la Cité du goût, ainsi que les événements sportifs et culturels prévus au Stade Nautique et à la plage de Torcy.
🟩 Le deuxième effet, plus préoccupant, de l’été 2022 a été que pendant une journée, le niveau d’eau de la Marne était trop bas pour être utilisée par l’usine d’Annet-sur-Marne pour produire de l’eau potable. Cet événement sans précédent a montré que le système des Grands Lacs, qui régule la Seine et ses affluents, dont la Marne avec le lac du Der, atteignait ses limites en raison du changement climatique. C’est ce que résume l’EBTP Grands Lacs dans un rapport publié début 2023, affirmant que « la raréfaction des ressources en eau due au changement climatique pourrait entraîner des tensions accrues dans les usages de l’eau et représente un enjeu sociétal majeur ». Dans le même temps, la Métropole du Grand Paris a commandé à l’OCDE une étude prospective en cours sur « les impacts possibles de la pénurie d’eau dans la métropole parisienne ». Parmi les principaux impacts anticipés dans la note introductive de l’étude figurent :
• Épisodes de sécheresse conduisant à une sécheresse hydrologique ou à une pénurie d’eau.
• Des étiages plus fréquents et plus intenses menaçant la qualité des milieux aquatiques et la disponibilité des ressources en eau.
🟩 Si l’étude d’impact du projet de réaménagement détaille les épisodes d’inondations, dont la crue historique de 1912, et l’adaptation du projet à cette menace, elle reste muette sur les effets de périodes de sécheresse prolongées. Il n’existe aucune étude sur les conséquences d’étiages sévères et répétitifs de la Marne, d’assèchement des sources du plateau de la Brie qui alimentent la nappe alluviale et les différentes couches géologiques perméables sur lesquelles reposent les constructions existantes et à venir.
🟩 Elle ne mentionne pas la diminution du rendement de la turbine installée par Engie, qui produisait autrefois 25% de l’électricité consommée par le siège de Nestlé. Cela s’inscrit dans un contexte général d’affaiblissement de la production nucléaire en raison de la baisse des niveaux d’eau, affectant notamment la centrale de Nogent-sur-Seine, qui produit 18 % de l’électricité consommée en Île-de-France.
🟩 Elle n’aborde pas non plus les conséquences économiques que pourraient avoir la pénurie d’eau et les problèmes énergétiques associés sur les activités professionnelles des nouveaux habitants et l’attractivité touristique du site.
🟩 Elle n’aborde pas les coûts et contraintes supplémentaires sur la gestion des espaces et des activités du futur quartier, la Cité du goût, et de son hôtellerie en cas de pénurie d’eau prolongée, ni ne présente de solutions pour relever ces défis.
🟩 Elle reste muette sur la menace que font peser de graves étiages sur la production de l’usine d’Annet-sur-Marne, dont dépendent les habitants de Noisiel pour leur eau potable, sur l’impact d’un afflux supplémentaire de population résultant du projet et plus généralement le long des communes riveraines de la Marne, de Meaux à Chelles.
🟩 Elle ne mentionne pas comment elle envisage d’atténuer les dégâts écologiques sur la faune et la flore provoqués par les effets cumulés des étiages sévères et répétitifs et de l’urbanisation des berges de la Marne, dont l’hypothétique « Parc de la Marne » mentionné dans le document, pour lequel il n’existe pas de description officielle.
👉 Le projet de réaménagement du site Menier doit répondre aux enjeux du changement climatique tels qu’ils se manifestent et se manifesteront dans les décennies à venir, la sécheresse de l’été 2022 servant de précurseur. Pour ces raisons, il n’est pas possible d’approuver le projet dans son état actuel tant qu’il n’apportera pas de réponses satisfaisantes aux multiples questions soulevées.
Crédit photo : CEllen, CC BY-SA 4.0 https://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0, via Wikimedia Commons