Pollution aux PFAS : et si le ru de la Gondoire devenait un cas d’école national ?
L’association Coteau et Vallée de la Marne interpelle l’Institut national de l’environnement industriel et des risques (INERIS) avec une proposition audacieuse : transformer le modeste ru de la Gondoire, en Seine-et-Marne, en un laboratoire à ciel ouvert pour étudier les « polluants éternels ». L’enjeu est de taille : comprendre la dissémination de ces substances pour mieux protéger les sols, l’eau et la santé des habitants.
Le point de départ le courrier de l’association Coteau et Vallée de la Marne. La destination : l’INERIS, l’organisme public de référence en matière de risques environnementaux. Au cœur de cette lettre, une inquiétude grandissante et une proposition concrète concernant la pollution du ru de la Gondoire.
Une contamination avérée mais des questions en suspens
Les premières analyses sont formelles : des PFAS, ces fameux « polluants éternels », sont présents de manière continue dans les eaux de la Gondoire. Les PFAS (substances per- et polyfluoroalkylées) sont une famille de composés chimiques synthétiques utilisés dans de nombreux produits industriels et de consommation pour leurs propriétés antiadhésives et imperméabilisantes. Extrêmement persistants, ils s’accumulent dans l’environnement et dans les organismes vivants, soulevant de vives préoccupations sanitaires.
Face à ce constat, l’inquiétude ne se limite plus au cours d’eau lui-même. L’association soulève une série de questions cruciales qui dessinent les contours d’un risque potentiellement bien plus large :
Jusqu’où s’étend cette contamination ?
Les sols agricoles avoisinants sont-ils touchés ? Et par conséquent, les cultures qui y poussent ? La nappe phréatique, ressource essentielle en eau potable, est-elle menacée ? Quel est l’impact sur les plans d’eau très fréquentés situés à proximité, lieux de loisirs pour de nombreuses familles ?
Derrière ces interrogations techniques se profile la question fondamentale de l’impact sur la santé des populations locales. Or, pour y répondre, un obstacle majeur demeure : le manque de données publiques précises et accessibles.
Faire de la Gondoire un « site pilote »
C’est ici qu’intervient la proposition centrale de l’association : faire de la Gondoire un « site pilote », un terrain d’étude grandeur nature. L’idée est de transformer ce problème local en une opportunité scientifique d’intérêt national.
Le timing de cette démarche n’est pas anodin. Dès 2026, une nouvelle réglementation imposera la mesure des rejets de PFAS dans les fumées des incinérateurs. L’étude de la Gondoire permettrait d’anticiper et d’accompagner ces changements.
Un intérêt partagé pour des bénéfices multiples
Loin d’être une simple demande, la proposition est pensée comme une collaboration gagnant-gagnant, bénéfique pour tous les acteurs concernésour la science et l’INERIS : Ce serait une occasion unique d’étudier le comportement et le déplacement des PFAS dans un écosystème réel. Les experts pourraient y tester et affiner leurs méthodes de mesure et d’analyse, complétant ainsi leurs travaux de laboratoire par des données de terrain inestimables.
Pour les opérateurs industriels : Des opérateurs locaux comme le SIETREM (Syndicat mixte pour l’enlèvement et le traitement des résidus ménagers) ou le SIAM (Syndicat intercommunal d’assainissement de Marne-la-Vallée) obtiendraient des informations cruciales pour identifier les sources de pollution et améliorer leurs procédés de traitement, afin de savoir précisément où et comment agir.
Pour les autorités et les citoyens : La préfecture et les mairies disposeraient enfin de données fiables pour évaluer les risques, orienter les investissements publics et prendre des mesures concrètes pour protéger l’environnement et la santé des habitants.
En somme, cette initiative vise à créer un cercle vertueux où la recherche scientifique nourrit l’action industrielle et la décision politique. En attendant la réponse de l’INERIS, le ru de la Gondoire, jusqu’ici discret, pourrait bien devenir un nom connu dans la lutte contre les polluants éternels en France.