Projet d’IME : alerte aux « polluants éternels » dans l’air
Un projet d’Installation de Maturation de Mâchefers (IME) à Lagny-sur-Marne suscite de vives inquiétudes. L’association Coteau et Vallée de la Marne (CVM) alerte, au-delà du risque pour les eaux usées, sur un danger « insidieux » : la possible dispersion de « polluants éternels » (PFAS) dans l’air, via l’arrosage des machefers avec un mélange d’eau de pluie et de « jus de décharge ». Elle pointe une réglementation obsolète, datant de 2011.
La publication par le journal La Marne, le 17 octobre dernier, d’un article sur le projet d’Installation de Maturation et d’Élaboration (IME) de mâchefers à Lagny-sur-Marne a mis en lumière les vives inquiétudes de l’association Coteau et Vallée de la Marne (CVM). L’association a en effet alerté la population, les élus locaux et les députés concernés du risque de rejets d’eaux usées contaminées par les PFAS dans le réseau d’assainissement. Cependant l’alerte principale de CVM, qui n’a pas été mentionnée dans l’article, concerne un danger plus insidieux : la dispersion des PFAS dans l’air. Le projet prévoit en effet de réutiliser l’eau du bassin de rétention (mélange d’eau de pluie et de “jus de décharge”) en l’arrosant sur les stocks de mâchefers pour « abattre les poussières ». Cette opération crée un risque majeur d’aérosolisation, disséminant ces « polluants éternels » dans l’atmosphère.
Le nœud du problème : des mâchefers contaminés
De nombreuses études, dont celles du Collectif3R ou de Zéro Waste Europe, confirment que les PFAS, non totalement détruits par les températures d’incinération standards (1000°C), se retrouvent piégés dans ces résidus solides. Or la réglementation qui fixe les critères de qualité physico-chimique des mâchefers (Décret de 2011) n’en tient pas compte. C’est pour corriger cette lacune que CVM est intervenue auprès de la députée de la circonscription Ersilia Soudais sur la nécessité de mettre à jour ce décret. La députée a cosigné avec Maxime Laisney, député de la 10e circonscription, un courrier à la ministre de la transition écologique soulignant le fait qu’« un projet industriel peut être en parfaite conformité avec la loi tout en disséminant légalement des tonnes de matériaux potentiellement chargés de polluants persistants, dont la dangerosité est désormais avérée ». Ils demandent à la ministre « d’engager, dans les plus brefs délais, la mise à jour de l’arrêté du 18 novembre 2011 » et « d’y intégrer des seuils limites stricts pour les PFAS dans les mâchefers destinés à être valorisés ».
Pour ce qui la concerne, l’association Coteau et Vallée de la Marne demande l’établissement d’un Moratoire sur le projet tant que le décret de 2011 n’a pas été mis à jour et à défaut de moratoire, l’exigence formelle, dans l’arrêté d’autorisation, d’une unité de traitement spécifique et démontrée efficace pour l’élimination des PFAS dans les lixiviats, avant toute réutilisation ou rejet.
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Cet article repose sur des données publiques et des interrogations légitimes. Les entités mentionnées disposent d’un droit de réponse, que la rédaction s’engage à publier.